(leonardo) i said « if i see you again, don't even say hello. »

≡ i said « if i see you again, don't even say hello. »

il est vingt heures. elle a piqué une robe de carmen-je-jette-mon-argent-par-les-fenêtres, puis des talons que marguerite lui a offert pour son anniversaire. il est vingt heures et elle se glisse hors de la voiture, hilare, au bras d'un antonin qui relève le menton et d'une carmen qui détaille d'ores et déjà son plan drague de la soirée. il est vingt-et-une heures quand lola les rejoint, armée de son éternel pinceau qui tient ses cheveux en un chignon désordonné. elle est jolie lolita, avec son air un peu absent, avec son aversion pour la bière et son amour inconditionnel pour les clopes. ils sont quatre, tout le temps. ils sont quatre et ils adorent sortir comme ça. le plus souvent, c'est sid qui raccompagne. parce qu'elle ne boit pas, parce qu'elle conduit bien et parce que c'est sans doute la plus responsable de tous. sauf que ce soir, sid n'est pas préoccupée par ses amis. antonin lui souffle à l'oreille qu'il revient, lola part avec lui, écarlate, vers les toilettes des filles. carmen qui se marre dans les bras d'un inconnu. et sid. elle ne leur adresse même pas un regard. sid, c'est celle qui a les yeux rivés sur un homme, plus loin. un homme dont elle aurait pu redessiner les traits avec une perfection indécente. un homme qu'elle pourrait reconnaître n'importe ou, même de dos. il est là, son cauchemar, il est là et il rit aux éclats avec on ne sait qui. il est là et il ne l'a pas vue. leo. elle retient son souffle quand elle s'approche. mais elle ne réfléchit pas, sid. (cecily.) elle se souvient, elle a presque peur, mais elle reste elle, elle dans tous ses états alors elle se pose délicatement sur le tabouret libre à côté d'une sien et elle demande un coca (un verre de tequila) avant de tourner ses grands yeux vers lui et de lui adresser un sourire goguenard qui cache plutôt mal la panique qui l'a envahi quand elle a compris qu'il était là, là à deux pas, là alors qu'elle veut vivre sans lui, là alors qu'elle l'imaginait à des kilomètres, et c'était mieux comme ça. "salut." elle penche la tête en détaillant le crétin qui n'a malheureusement pas changé. putain.

Et d’un. Le premier lui sert toujours à se mettre dans l’ambiance de la soirée ; une sorte d’entrée en jeu. Et de deux. Le suivant est généralement celui qu’il prend au cours d’un fou rire pour il ne sait trop quelle raison, avec ses potes. Pour l’instant, Leo s’en tient à ses deux verres. Il connait ses limites. La tentation d’en prendre un autre est grande et indéniable ; mais pourrait-il arrêter ensuite ? Il ne tenterait pas l’expérience. Cela fait déjà une bonne trentaine de minutes qu’il est là, dans ce bar. Ses potes et lui ont souvent pris l’habitude de s’y rendre quand le temps le leur permet. C’était à la fois une façon de se retrouver mais aussi un bon moyen lorsque l’on n’a pas envie de finir fin de la nuit seul. Le regard de Leo se promène autour de la salle. Il la cherche. La jeune femme qui se réveillerait sans doute le lendemain à ses côtés et dont il ne chercherait certainement pas à connaître le prénom. A quoi bon ? Ça s’en va et ça revient. Il y en aura toujours d’autres. C’est au même moment qu’il sent quelqu’un s’installer sur le tabouret se trouvant à ses côtés. Naturellement, Leo se retourne. Le choc. Il croit certainement rêver à cet instant. Il ne quitte pas son visage du regard ; peut-être que s’il clignait des yeux, cette image s’envolerait. Et pourtant, tout ceci est bien réel. Ce visage lui est tellement familier et pourtant, Dieu sait qu’il n’avait pas posé ses yeux dessus depuis un bon moment. Cecily. Le sourire de la jeune femme le fit froncer les sourcils. Que fait-elle ici ? Dans ce bar, dans ce quartier, à Sydney, en Australie, alors qu'il la croyait sortie à tout jamais de sa vie. Lorsque Leo entend le son de sa voix ; c’est le choc. Un choc qui semble le ramener quelques années en arrière. A cet instant, son visage trahi sa surprise. « Cecily … » Il dit cela dans un souffle, trop surpris pour parler. « Je... Qu’est-ce que tu fais ici ? » Idiot ! Il n’a rien trouvé de mieux dire, à part peut-être la chose la plus stupide qu’il aurait pu sortir à une personne qu’il n’a pas vu depuis des lustres et qu’il a quitté dans des circonstances, on ne peut plus compliqué.

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c'est toujours le même. honteusement lui. toujours le même visage. juste l'air spécialement surpris. et puis la même voix. juste un peu plus rauque. il murmure son prénom, son vrai prénom. et un instant, son sourire vacille. parce qu'elle n'est plus cecily. elle n'est plus la dépravée qu'il a construite, pièce par pièce. elle n'est plus la môme qui s'est faite engrossée et qui n'a pas été foutue de le garder, le bébé. elle n'est plus celle qu'il aimait et celle qui l'aimait. elle n'est plus cecily. pourtant le prénom envoie balader toutes ses certitudes. parce qu'il est là, parce qu'elle le connaît, parce qu'elle est incapable de faire demi-tour, incapable d'empêcher carmen de rentrer avec un inconnu, incapable de prendre ses clés et de se casser loin de leo. et avant même qu'elle n'ait éludé le pourquoi du comment, il pose une question. une question anodine. elle attrape son verre et pose la paille entre ses lèvres, pour siroter tout doucement son coca en recherche d'une réponse appropriée. je te fuis. je m'éloigne de toi, puis de maman et papa. je cours. loin. toi, pourquoi t'es là?, ça, ce n'est pas une réponse acceptable. j'ai repris l'école étant donné que j'ai arrêté pour toi., ça non plus, ça ne marche pas. je ne sais pas., c'est sans doute la pire. elle finit par hausser les épaules. "je viens boire un verre." sourire léger, elle finit par pencher la tête. elle survole la question avec son habituelle flegme. parce que sid n'est pas prête à lui répondre, pas prête à le regarder, pas prête à lui sourire. et pourtant. il est là, tout près, tout proche, et elle pourrait presque se croire longtemps en arrière. dans le noir d'une chambre d'hôtel inconnue, lui proposant de vivre à deux. puis l'entendre. c'est toi que je veux. alors pourquoi était-il ailleurs? elle n'a jamais compris. et c'est ce genre de chose qui reste en travers de la gorge. "c'est ce qu'on fait dans un bar, non?" petit clin d’œil qui appuie ses propos. leo. et dire qu'elle pensait l'avoir viré de sa vie, et dire qu'elle pensait que les kilomètres l'empêcheraient de retomber un jour nez à nez avec lui. puis elle se souvient de ce que disait maman quand elle lui caressait les cheveux tout doucement. tout ce qu'on a de pire, comme de meilleur, finit toujours par nous rattraper. et c'est, dans ce cas-là, on ne peut plus vrai.

Leo la regarde toujours. Il n’arrive plus à détourner son regard. Elle n’a pas tellement changé ; elle ressemble à la jeune femme qu’il a connu quelques années plutôt. Avec quelques années en plus certes mais toujours ce même visage d’enfant qu’il a tant affectionné à un moment. Et pourtant … Lorsque son regard a croisé le sien, c’était étrange. Ça n’était pas Cecily ; la jeune femme douce qui lui lançait des regards amoureux à la fois plein de vies mais aussi qui trahissaient un certain manque d’assurance. Non. Cette fois-ci, elle l’a regardé avec assurance et … défiance ? Non ; ça doit certainement l'absurdité de la situation qui donne ces idées à Leo. Il la regarde siroter doucement sa boisson avant de finir par lui répondre. C’est à ce moment qu’il détourne enfin le regard. Evidemment. A quoi s’attendait-il comme réponse ? Avec tout ce qui s’est passé ? Leo ne comprend toujours pas. Il s’imaginait que des milliers de kilomètres les séparer, et pourtant la voilà devant lui. ça fait pourtant un bon moment que Leo a décidé d’oublier cette histoire, du moins essayer d’oublier. Des souvenirs qu’il a logés dans un coin de sa tête, là où il y penserait le moins possible. Car s’il y a une chose qu’il a expérimentée et qui doit certainement être la pire de toute, c’est le remord. Le remord mais aussi les regrets. Il s’en rappelle encore. La poudre blanche sur la table, quelques bouteilles par terre, Cecily partie … Un passé qu’il veut oublier. Lorsqu’il pose à nouveau son regard sur la jeune femme, il ne peut retenir un soupir. Le clin d’œil qu’elle lui adresse le fit intérieurement sourire. « Bien sûr, tu as raison. » Il lui adresse un petit sourire, qui cependant n’atteint pas des yeux. Non pas qu’il n’a pas envie de lui sourire ; mais la situation est tellement étrange et inattendue que le jeune homme ne sait pas vraiment quelle attitude adopter. Le monde autour de lui le met soudain mal à l’aise. C’est comme s’il voulait se cacher, comme s’il avait peur. De quoi ? Que les gens découvrent que cette jeune femme avait payé les frais de sa déchéance ? « C’est juste que je ne m’attendais pas à te croiser ici, à Sydney. » D’ailleurs, il ne pensait pas du tout la croiser à nouveau un jour. Cela a à la fois un goût amer et doux. Leo la regarde une fois de plus, comme s’il la découvre pour la première fois, comme si elle risquait de s’envoler sans prévenir. Etrangement (ou pas), ça lui fait du bien de la revoir. Ça lui rappelle à la fois de bons moments mais aussi des moments un peu plus compliqués. Ça lui rappelle à quel point il était désolé et l’est toujours. Ça lui rappelle qu’il a fait du mal à la seule personne à qui il tenait. Sans réfléchir, Leo se lève de son tabouret. Doucement, sans prévenir, il prit le verre de Cecily et le déposa sur le bar. Ses mauvaises manières prennent une fois de plus le dessus. Trouverait-elle cela déplacé ? Leo ne pense pas trop à ce qu’il fait à cet instant. Il la prend par le poignet et l’entraine avec lui. Ce contact est étrange, gênant, familier et pourtant … inapproprié. Que fait-il ? Leo a simplement besoin de tranquillité pour se remettre les idées en place et peut-être pour saisir sa chance. Il la conduit simplement de l’autre côté du bar, loin de ses amis et où il y a moins de monde. Il fit signe au barman. Une vodka citron. Il regarda Cecily un long moment avant de rajouter « Et un coca. » Il ne prend pas la peine de s’assoir. Il n’en n’a pas tellement envie. Il s’accoude simplement au bar et pose à nouveau son regard sur elle. Il la regarde sans un mot pendant un long moment. Un silence et des regards. « Je suis désolé. Pour tout. » C’est simplement sorti. Il n’a pas pu le retenir plus longtemps. C’est d’ailleurs en son sens, la chose la plus logique qu’il aurait pu dire. Le barman dépose finalement leurs boissons. Finalement ce troisième verre n’attendrait pas. Leo le but d’un trait. Pour se donner du courage certainement.

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il ne sourit qu'à moitié. et ça la désole, la môme. c'est bête parce qu'il n'est plus rien, elle n'est qu'un souvenir, ils sont deux ombres qui se mêlent, qui se fondent l'une dans l'autre mais qui ne se touchent jamais. c'est bête parce qu'ils se sont aimés, forts, peut-être trop, jamais assez. et aujourd'hui, elle a peur de s'approcher, il a peur de sourire, le monde les observe, le monde les sonde. ça tourne pas rond. "j'y suis pour les études. j'ai recommencé ... quand t'es parti." elle ne le dit pas très fort. elle se justifie avec son air pas sûr, son air d'enfant, tout en continuant d'avaler sa boisson. elle détourne les yeux, de lui, de l'attraction qu'il exerce, de la répulsion aussi qu'il y a entre eux. des aimants, qu'elle disait en riant. elle le pense encore. mais ça l'amuse pas du tout. parce que ça veut dire qu'ils sont toujours liés. que l'écho sur vase, le verre sur ça peau, ça ne suffit pas. que les démons, ça poursuit toujours les pauvres enfants. un instant, elle clos les yeux presque dos à lui. et elle compte jusqu'à trois. mais quand elle reprend le verre entre ses doigts et qu'elle le finit, leo est toujours là. "je pensais que t'étais au milieu de jolies filles à los angeles, quelque chose comme ça." avoue-t-elle avec un sourire. c'est spontané. ça sort tout seul. et c'est pas méchant pour un sous. ni amer. c'est juste un fait. c'est vraiment ce qu'elle pensait avant maintenant. et alors qu'elle y pense, à tout ce qu'elle croyait à son sujet, il attrape son verre et le pose sur le bar. elle sursaute. puis elle sourit. étrangement, ça fait du bien de le retrouver, les mauvaise manières, son air de mauvais garçon, un peu plus vieux, un peu plus grand. ça fait du bien d'apercevoir son sourire, même si son air vraiment heureux lui manque. c'est viscéral. parce que leo (a) fait partie d'elle et c'est dur, qu'est-ce que c'est dur, d'avouer qu'il n'est plus ce garçon-là, qu'il est un homme, qu'il a été violent, et qu'ils ne sont plus les deux mômes amoureux. puis sans prévenir, encore une fois... il. la. touche. et la première chose qu'elle fait, c'est le repousser. mais il serre tout doucement. alors elle inspire, elle expire, et elle le laisse faire. parce que c'est électrique, mais c'est familier. elle connaît. elle a aimé. elle repense à ses doigts doux sur ses joues, quelques fois. il n'était pas violent, leo. pourquoi est-ce qu'il le serait maintenant? (parce qu'il t'a poussé. parce que t'as perdu un bébé, son bébé. parce que c'est plus ton leo. parce que.) elle finit par trottiner derrière lui. il l'emmène là ou il y a plus de silence, d'intimité, moins de regards indiscrets. elle ne dit rien. il commande une vodka, puis il la regarde. et elle attend le verdict. qui tombe. qui s'effondre. sur ses lèvres, ça a un goût sucré. un grand sourire. un sourire tellement spontané qu'on dirait que le soleil vient tout juste de se relever et de se poser sur les lèvres rosées de la môme-étoile. il lui a commandé un coca. pas une boisson qu'elle aurait été incapable de boire. pas une boisson du passé. non. un coca. et elle lui est tellement reconnaissante pour ça qu'elle évite de peu de lui sauter au cou pour dire merci. elle se contente d'hocher la tête et de s'asseoir sur le tabouret. trop mal aux pieds avec ces talons trop grands. et finalement, ce qui frappe entre, c'est cette faculté à ne pas parler. à se regarder. à étirer le silence comme un jeu. tout disparaît. il ne reste qu'eux. plus de bruit, plus de rire. juste les yeux de leo. son souffle. c'est tout. puis il s'excuse. comme ça. il ne prévient pas, et les mots filent. "je sais." qu'elle dit finalement. très vite. puis un nouveau silence. ses doigts qui jouent avec le verre. et les mots qu'elle ne retient pas non plus. "tu m'as manqué, tu sais. enfin ... sans ta vodka et ta manie à me tromper, t'étais quelqu'un d'bien. et ça m'a manqué." c'est comme ça qu'elle est, cecily, à dire ce à quoi elle pense avant même qu'elle n'ait pu chercher à bien le formuler. c'est les mots simples qui se glissent et qui flottent dans l'air. c'est spontané, c'est frais, c'est doucereux et à cet instant là, ça a un goût d'encore.

Elle est donc là pour ses études. Cela lui parait bizarre. Bizarre parce que l’image de la Cecily en étudiante assidue a du mal à s’imposer dans son esprit, bizarre parce qu’il pense certainement que l’université n’est pas un passage indispensable. Cependant, Leo se rend compte bien rapidement que sa réalité n’est pas celle de tout le monde. Dans son monde, il suffit de demander pour recevoir de l’argent. Dans son monde, il y a toujours papa pour assurer ses arrières. Leo est un homme maintenant oui. Il a un travail et gagne de l’argent. Mais il y a toujours papa à côté, papa qui ne se fait jamais prier pour sortir quelques billets de sa poche. Leo aime ce qu’il y a de mieux, oui. Et pourtant, il n’aime pas faire étalage des facilités que la vie lui a offertes. Il aime partager. Lorsqu’il a quitté Détroit, il n’était pas concevable pour lui de se remettre à ses études, pas à cet âge là. Toujours avec l’aide de son père, il a trouvé –disons- sa voie. Quelque chose qui lui permet de donner aux autres et qui lui donne l’impression de servir à quelque chose. Quelque chose qui lui permet de chasser les démons de son passé. Contrairement à ce qu’il laisse paraitre, les paroles de Cecily le touchent. Elle a toujours cette vision de lui. Celle du garçon qui pose son regard sur tout ce qui bouge. D’un côté, elle n’a pas tort. C’est bien le genre de Leo. Etre entouré par de jolies filles, laisser son regard dériver sur leur silhouette, sentir la chaleur de leur corps contre le sien, … Cependant, l’entendre de la bouche de Cecily, de celle qui une fois a été la seule ou du moins qui était supposée l’être, cela a quelque chose d’amer. Ce que le jeune Deaton veut à cet instant, c’est saisir sa chance (peut-être la seule), sa chance de s’expliquer. Elle est là devant lui. Elle peut très bien s’en aller aussi facilement qu’elle est apparue. Il n’a pas envie de la laisser filer. Pas cette fois-ci. Lorsqu’il a quelque chose en tête, Leo ne prend pas vraiment le temps de réfléchir. Encore moins lorsqu’il s’agit de Cecily, Lily. Sa Lily. Peut-être le repousserait-elle ? Il n’en sait rien. Mais au moins, il aurait tenté quelque chose. Il a dit la première chose qui lui est passée par la tête. Il s’est excusé. C’est ce qu’il devait faire, ce qu’il aurait dû faire il y’a plus d’une année. Ce qu’il aurait dû faire quand il était debout, la tête entre les mains, à la regarder s’en aller. Il se souvient encore, lorsqu’elle a fermé la porte derrière elle. Ils s’étaient déjà disputés (pas souvent certes) ; mais cette fois-là, Leo savait qu’ils avaient peut-être franchi le point de non retour. Il la regarde. Il cherche son regard, elle le fuit. « Non, tu ne sais pas » Comment peut-elle savoir ? Elle ne sait pas à quel point il s’en est voulu et s’en veut toujours. Elle ne l’a pas vu sombrer un peu plus dans sa déchéance. Elle ne l’a pas entendu murmurer son prénom seul dans la pénombre de l’appartement qui les a vus se déchirer petit à petit. Elle ne sait rien. Une fois de plus, elle lui fit mal. Chacune de ses phrases, c’est comme un clou qu’elle enfonce un peu plus dans sa peau. Pourtant, un sourire est apparu sur les lèvres de Leo lorsqu’il entendit qu’il lui a manqué. Mais ce qui suivit, était un peu plus dur. Leo observe son verre vide. Il sent encore le liquide chaud qui brûle un peu sa gorge. Elle le provoquait, doucement, gentiment, subtilement. Son regard croise à nouveau le sien. Cherche-t-elle peut-être à le blesser comme il avait fait avec elle ? Le jeune homme ne répondit rien pendant un long moment. Un long silence. « Tu as changé Lily. Et moi aussi j’ai changé. Ne me juge pour mes erreurs passées. » Le regard posé sur son verre vide, Leo jouait avec celui-ci. Sa vodka. Sa chère vodka. Oui, cela doit certainement rappeler à Lily de mauvais souvenirs et à lui également. Cependant, Leo n’a jamais pu définitivement mettre une croix dessus. Maman partie, Lily partie, … Disons que la bouteille a été la seule constante tout au long de sa vie et qu’il n’était pas encore prêt à totalement s’en séparer. Mais Cecily ne lui reproche pas que ça. Elle lui reproche aussi de l’avoir trompé. En fait, cela est plus un fait qu’un reproche. Pour cela, Leo n’a pas d’explication. Il la regarde un long moment. Il sait qu’il l’a fait à plusieurs reprises. Elle le sait aussi. Ils n’ont plus rien à se cacher l’un et l’autre. Même si leur relation a fini en poussière, c’est peut-être mieux ainsi. Comment peut-on aimer quelqu’un et en même temps trahir son amour, en allant voir ailleurs ? Cela demeure un mystère pour Leo. « Je ne vais pas tenter d’expliquer ce que j’ai fait. Je n’ai pas d’explication. J’ai pendant longtemps essayé de comprendre mais je n’y suis pas arrivé. Et une fois de plus j’en suis désolé. » Désolé de l’avoir trompé. Désolé de lui avoir fait du mal. Désolé d’avoir levé la main sur elle. Désolé pour plein de choses. Finalement, Leo regarde à nouveau Cecily, avec un sourire cette fois-ci, un vrai sourire. « Tu m’as manqué aussi … Lily. Je pense souvent à toi. » A ses sourires. Aux moments qu’ils ont passé ensemble. A leurs fous rires. A leurs gueules de bois. A sa peau contre la sienne. A ce qu’ils ont été une fois. A ce qu’ils auraient pu être. A ce qu’ils ne sont pas. A ce qu’ils sont devenus.

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